Bulletin 9
Juin 2018
Rencontre d’échanges de connaissances de mai 2018
Le Centre de connaissances a organisé une rencontre d’échanges pour la Communauté de pratique sur la promotion de la santé tenant compte des traumatismes et de la violence les 22 et 23 mai 2018 à Toronto, en Ontario. La rencontre a porté sur les réussites et les difficultés des projets, sur les facteurs contextuels qui influent sur eux et sur l’application des connaissances.
Nous publierons bientôt le résumé de la rencontre sur Basecamp.
Traumatismes, résilience et mobilisation des connaissances dans les contextes autochtones
Sandrina de Finney, professeure associée de l’Université de Victoria a donné deux ateliers, intitulés : « Re-imagining Trauma, Resilience and Healing in Indigenous Contexts » (Replacer les traumatismes, la résilience et la guérison dans les contextes autochtones) et « Promising Pathways for Indigenous Research Ethics and Knowledge Mobilization » (« Pistes à approfondir en matière de mobilisation des connaissances et de recherches en éthique autochtones). Mme de Finney a démontré par le biais d’une activité les effets cumulés, sur les peuples autochtones, des traumatismes issus de politiques telles que la Loi sur les Indiens, l’appropriation des terres autochtones et le nombre disproportionné d’enfants autochtones retirés à leur famille par les services d’aide à l’enfance et les systèmes juridique et éducatif.
Cette activité signifie que, même si les familles autochtones représentent une industrie florissante pour les services et les interventions axés sur la résilience et la guérison, leurs traumatismes proviennent trop souvent de ces mêmes systèmes. Mme de Finney a souligné que les interventions visant à renforcer la résilience ne devraient donc pas impliquer les systèmes qui ont généré et entretenu les traumatismes.
En l’honneur du Mois national de l’histoire autochtone du Canada, Andrea Lapp, Anishinaabe de la Première Nation Aamjiwnaang et coordonnatrice à la recherche du projet MindUP, a rédigé un article de blogue pour Neighbours, Friends and Families, où elle a raconté l’histoire de la cousine et proche amie de sa grand-mère, Geraldine Robertson, une survivante des pensionnats indiens. Son histoire souligne la résilience et la force incroyables des peuples autochtones.
Application des connaissances
Le projet STEP a créé des croquis pour transmettre aux participants des messages de façon ludique pendant les interventions
« Cette image est utilisée au cours de la première rencontre du programme d’accompagnement STEP pour discuter de l’attention qui sera accordée lors des séances à l’expérience actuelle des participants (le pare-brise) et à leurs expériences d’abus et de négligence au cours de l’enfance (le rétroviseur). L’image évoque notamment l’importance de savoir ce qu’il y a dans son rétroviseur pour éviter d’éventuels « accidents » mais rappelle également qu’être focalisée uniquement s le rétroviseurs (i.e. ses expériences passées) comporte un risque important. »
– Nicolas Berthelot, cochercheur, STEP
Programmes de soutien entre pairs, axés sur la promotion de la santé tenant compte des traumatismes et de la violence
Le soutien entre pairs est une relation d’aide fondée sur des expériences partagées et qui comprend une aide mutuelle, le partage de connaissances et de compétences expérientielles et un apprentissage social.1 Les participants tout comme leurs mentors peuvent tirer profit d’un programme de mentorat entre pairs axé sur les principes tenant compte des traumatismes et de la violence consistant à a) comprendre les traumatismes, la violence et leurs effets sur la vie et le comportement des gens; b) créer un environnement émotionnel et physique sécuritaire pour les clients et les prestataires de services; c) offrir des occasions de collaborer, de rencontrer d’autres personnes et de faire des choix; et d) renforcer les capacités et l’exploitation des forces.2
L’investissement « Contribuer à la santé des victimes de violence conjugale et des enfants victimes de mauvais traitements au moyen de programmes communautaires » de l’Agence de la santé publique du Canada a financé des projets de promotion de la santé tenant compte des traumatismes et de la violence qui s’appuient sur des consultations de pairs ou d’animateurs/mentors pairs. Selon les projets Female Genital Mutilation/Cutting (FGM/C), TransFormed et Peer Education and Connection through Empowerment (P.E.A.C.E), ces principes offrent les avantages suivants :
A. Une meilleure compréhension des traumatismes, de la violence et de leurs effets sur la vie et le comportement des gens
Les gens qui ont vécu de la violence, des sévices ou des traumatismes comprennent l’impact de ces expériences. Le projet FGM/C, dirigé par Women’s Health in Women’s Hands, fait appel à des mentors qui ont vécu des expériences similaires et qui sont parfaitement au fait de la réalité et des effets de la pratique. Non seulement elles comprennent l’enjeu, mais elles ont aussi tissé de solides liens au sein de la communauté et disposent de connaissances culturelles et de stratégies de résilience qui pourraient aider les survivantes dans leur processus de guérison.
Le projet TransFormed, de METRAC, dispose d’un groupe de leadership par les pairs composé de personnes qui comprennent bien les défis auxquels font face les personnes transgenres, bi-spirituelles, fluides et non-binaires. Les membres de ce groupe examinent si le contenu serait susceptible de provoquer des réactions et émet des recommandations utiles.
« Le modèle dirigé par les pairs a été essentiel pour garantir que les facteurs contextuels comme l’âge, la race, l’orientation sexuelle, le handicap, le statut social et le sexe, en plus de l’identité sexuelle sont pris en compte dans la formulation des questions de recherche, la documentation du projet et les outils de promotion de la santé. »
– Un membre de l’équipe deTrasFormed
B. La création d’espaces sécuritaires
L’un des buts des soins tenant compte des traumatismes consiste à asseoir le sentiment de sécurité chez les personnes qui ont vécu de la violence et des traumatismes, en s’appuyant sur le respect, l’écoute et l’empathie. On espère que le mentorat entre pairs renforcera le sentiment de sécurité, la compréhension et l’empathie parmi les victimes.
« Les méthodes habituelles de mentorat ont tendance à ignorer les nuances culturelles et les réalités des jeunes Africaines, Caribéennes et Noires qui vivent au Canada. Avec notre nouveau programme de mentorat, netWORKING,, le modèle des pairs a permis à notre centre de créer des espaces plus sécuritaires et des programmes respectueux des contextes culturels pour les jeunes femmes qui partagent des expériences collectives influencées par la race, l’âge, le genre, la culture, la religion et le statut social. »
– Membre de l’équipe FGM/C
« On peut parler de nos expériences sans avoir peur d’être rejetées et isolées, comme ça se passe quand d’autres n’ont pas la possibilité de témoigner, n’ont pas vécu ça ou ont peur des événements de la vie non traditionnels (ou ne les comprennent pas). Les voix négatives du passé commencent à s’estomper quand les participantes témoignent en étant encouragées par leurs pairs. En même temps, on réalise que notre voix est importante, unique, acceptée et qu’elle fait partie du collectif.
– Mentor, Projet P.E.A.C.E.
C. Offrir des occasions de nouer des liens, de collaborer et de faire des choix
Les participantes sont plus susceptibles de nouer des liens avec celles qui ont vécu des expériences similaires. Le projet P.E.A.C.E de la Covenant House Toronto fait appel à des personnes en bonne santé et motivées qui ont survécu à la violence familiale, la violence conjugale ou l’exploitation sexuelle et servent de mentors et d’animatrices. Kasia Ignatowska, coordonnatrice à la promotion de la santé, explique que l’expérience partagée alliée au genre et à l’âge similaire résout le problème de l’isolement social des participantes. L’équipe du projet a découvert que des liens d’amitié se tissaient souvent entre les pairs et les mentors à la fin du programme.
« Je me suis sentie vraiment bien avec les mentors du groupe parce qu’on avait à peu près le même âge et les mêmes expériences. »
– Une ancienne participante de P.E.A.C.E.
D. Renforcer les capacités et l’exploitation des forces
Les mentors ont eux aussi tirer profit de leur participation aux programmes.
Les mentors :
- renforcent leur sentiment d’accomplissement, en faisant valoir leurs idées et suggestions pour les activités de groupe;
- développent des qualités de leader et de dynamique de groupe, et la capacité de parler en public et de travailler en équipe;
- développent leur réseau, prodiguent des conseils et tissent des liens avec leurs congénères pour militer pour la fin de la violence à leur encontre et au sein de leur communauté; et
- ont la possibilité d’influencer les politiques publiques;
- acquièrent des connaissances utiles sur les programmes et les aides au sein de la communauté;
- sont rémunérés pour leur travail; et
- bénéficient d’une formation et d’un soutien continus.
La formation offerte aux mentors porte sur :
- la capacité à prendre soin de soi et à reconnaître les traumatismes;
- le traitement de l’information communiquée par les autres participants dans les séances de groupe;
- les techniques pour animer les groupes de façon sensible, compétente et tenant compte des traumatismes.
« Tout d’abord, merci pour vos gentilles paroles; ça a marché… j’ai obtenu le travail, vous êtes géniales! Désolée de n’avoir pas pu venir hier soir; j’étais super fatiguée. J’espère vous voir la semaine prochaine. Vous êtes toujours dans mon cœur. »
« Je me suis sentie vraiment bien avec les mentors du groupe parce qu’on avait à peu près le même âge et les mêmes expériences. »
– Un mentor qui a utilisé son travail de coordonnatrice de promotion de la santé P.E.A.C.E comme référence professionnelle.
Le mentorat entre pairs semble être un bon moyen d’offrir aux victimes de violence et de traumatismes des programmes respectant les principes tenant compte des traumatismes et de la violence.
Portrait de membre
Wangari Tharao
« Je m’appelle Wangari Tharao, et je dirige la recherche et les programmes à Women’s Health in Women’s Hands. Je gère beaucoup de programmes, parmi lesquels celui sur l’excision/mutilation génitale féminine (E/MGF). Je milite pour les droits des personnes avec le VIH. J’ai cofondé plusieurs réseaux locaux, provinciaux, nationaux et internationaux pour aider les populations noires vivant au Canada et dans d’autres pays développés à prendre des mesures efficaces contre le VIH/SIDA.
Bien que je travaille surtout dans le domaine du VIH depuis plusieurs années, notre nouveau projet E/MGF m’a permis de renouer avec mes anciennes amours… le travail sur la MGF.
Enfin, je suis épouse et mère d’une fille, sœur de nombreuses sœurs et fille aimante de mes parents. Je remercie l’univers du puissant soutien et des conseils dont il m’entoure. Paix et amour! »
Mise à jour sur l’investissement
Au cours de la rencontre d’échanges de mai 2018, Shannon Hurley et Sydney Miller, de l’Agence de la santé publique du Canada, ont présenté les faits saillants de récents rapports annuels remis par les projets.
Ressources pour les pairs
Coyne-Foresi, Melissa, "A Mixed Methods Exploration of Benefits for Youth Mentors in an Indigenous High School Peer Mentoring Program" (2017). Electronic Thesis and Dissertation Repository. 4710. (en anglais)
Cette méthode mixte d’études de cas s’est penchée sur les avantages qu’il y a à servir de mentor auprès de pairs plus jeunes, dans le cadre du Fourth R: Uniting Our Nations Peer Mentoring Program (programme de mentorat entre pairs des 4 R : Unir nos nations). Les mentors ont déclaré avoir retiré beaucoup de leur participation au programme, notamment une meilleure intégration scolaire.
Centre d'excellence provincial en santé mentale des enfants et des adolescents (Ontario) (juin 2016). Youth peer support in a mental health context. Evidence In-Sight. (en anglais)
Ce rapport analyse la documentation sur la pratique émergente que représentent les programmes de soutien entre pairs. Il décrit les avantages du soutien entre pairs et des pratiques prometteuses qui s’y rapportent, pour intégrer les responsables du soutien entre pairs au sein des programmes; de plus, il fournit divers exemples et ressources.
National Center for Trauma-Informed Care de SAMHSA a offert trois webinaires de 75 minutes pour présenter les concepts de base du soutien entre pairs axé sur les traumatismes (en anglais) :
- Les traumatismes et leur impact/considérations culturelle
- Pratiques de base sur le soutien entre pairs/ pratiques tenant compte des traumatismes
- Application des pratiques tenant compte des traumatismes pour le soutien entre pairs)
The Feminist EAAA Sexual Assault Resistance Program for Young Women in University: How it works and what it does and does not accomplish / Le Programme féministe de résistance aux agressions sexuelles pour les jeunes femmes dans les universités : comment il fonctionne, ce qu’il accomplit… ou pas.
Date : 11 septembre 2018 | 13 h 00 - 14 h 15 (HNE)
Présentatrice : Charlene Senn, Professeure de psychologie et des études sur les femmes et le genre, Université de Windsor
Présentation : Le programme d’éducation sur la résistance aux agressions sexuelles intitulé Enhanced Assess, Acknowledge, Act (Améliorer l’accès, reconnaître, agir) est une intervention à fondement empirique de 12 heures en petits groupes conçue pour les étudiantes de 1e année (de 17 à 24 ans). Dans ce webinaire, Mme Senn décrira le programme et les résultats d’un essai clinique aléatoire.
Le webinaire de Yamikani Msosa, “Roots & Resistance” / « Racines et résistance » est désormais disponible!
Le webinaire Roots and Resistance / Racines et résistance a porté sur des entretiens approfondis entourant les rapports entre violence sexuelle, violence étatique et guérison des traumatismes et sévices sexuels personnels et collectifs auxquels ont été confrontées des personnes de race noire.
L’équipe du Centre de connaissances
Linda Baker, Sara Mohamed, Anna-Lee Straatman, Jassamine Tabibi
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