Bulletin 16 - mars 2020

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Projets : des enseignements collectifs

Nous sommes heureux de consacrer ce bulletin à deux projets qui verront leur aboutissement fin mars 2020 

Female Genital Mutilation/Cutting (FGM/C) (Excision/mutilation génitale féminine (E/MGF)

TransFormed: Addressing partner violence from Two-Spirit, Nonbinary, and Trans perspectives projects (TansFormed : Faire face à la violence conjugale du point de vue bi-spirituel, non binaire et trans)

L’équipe du Centre de connaissances a eu l’occasion d’aborder avec les membres des projets FGM/C et TransFormed les enseignements et les recommandations retirés des recherches communautaires tenant compte des traumatismes. En voici les principaux aspects :

  • Tisser des liens avec la communauté
  • Impliquer activement les membres de la communauté et les participants dans tous les aspects de la recherche
  • Employer le vocabulaire en vigueur dans la communauté pour discuter de l’enjeu concerné
  • Se greffer sur le travail déjà entrepris dans la communauté

L’implication de membres de la communauté qui sont soit directement affectés par la violence ou un traumatisme, soit passionnés par la question a été déterminante pour la réussite des deux projets et une composante essentielle de cette même réussite. Le projet E/MGF est dirigé par le Women’s Health in Women’s Hands Community Health Centre des responsables communautaires et des prestataires de services, pour mieux soutenir les femmes qui ont survécu à cette pratique. Le projet TransFormed, dirigé par le Metropolitan Action Committee on Violence against Women and Children (METRAC) a mobilisé des membres de la communauté bi-spirituelle, non binaire et trans de la région du Grand Toronto qui ont été confrontés à la violence conjugale, afin de développer des ressources et d’améliorer l’aide apportée aux survivants

 

 

On a connu beaucoup de réussites dans les projets. Par exemple, on comptait sur la participation de 75 personnes bi-spirituelles, non binaires et trans, mais on a en obtenu plus de 150!  – Membre du projet TransFormed

Le succès, pour nous, ça a été quand les femmes affectées par une E/MGF ont accepté de participer grâce aux technologies numériques  – Membre du projet E/MGF

 

TISSER DES LIENS AVEC LA COMMUNAUTÉ

La faculté de forger des partenariats solides avec d’autres personnes et organisations est déterminante pour assurer le succès de tout projet communautaire. Ceci demande de la patience, surtout si le but consiste à instaurer la confiance tant au sein du projet qu’avec les membres de la communauté. Les deux projets ont été ravis du nombre de nouveaux contacts, collaborations et relations créés grâce à ce travail.

De plus, les équipes de ces projets étaient conscientes qu’il pouvait exister des idées fausses entourant ces sujets et qu’il faudrait beaucoup de temps pour communiquer correctement les buts de leurs projets respectifs aux membres de la communauté et emporter leur adhésion.

L’E/MGF est un sujet sensible, et on a dû participer à des événements communautaires pour repérer les chefs de file communautaires. Une fois que ça a été fait, on s’est donné beaucoup de mal pour leur expliquer les buts du projet, en prenant le temps de dissiper toutes les idées fausses qu’ils auraient pu avoir. – Membre du projet E/MGF

IMPLIQUER ACTIVEMENT LES MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ ET LES PARTICIPANTS DANS TOUS LES ASPECTS DE LA RECHERCHE

Établir et entretenir la confiance est plus facile à faire quand les membres de la communauté se voient représentés dans le projet. Par exemple, cela aide quand la personne chargée de diffuser le projet est elle-même membre de la communauté. Une autre stratégie utile consiste à ce que les membres des communautés concernées par les projets soient impliqués dans chaque aspect, de la planification au rapport final, en passant par l’implantation et l’évaluation. Des groupes dirigés par des pairs sont aussi très efficaces pour recueillir des données, puisqu’ils atténuent le déséquilibre des forces entre chercheurs et participants et qu’ils augmentent les chances d’instaurer des liens de confiance et encouragent le partage. L’un des projets invite également des chefs de file, parmi les pairs, pour contribuer à l’analyse des données.

EMPLOYER LE VOCABULAIRE EN VIGUEUR DANS LA COMMUNAUTÉ POUR DISCUTER DE L’ENJEU CONCERNÉ

Le vocabulaire lié à l’inclusion évolue constamment, et les termes privilégiés sont susceptibles de changer fréquemment pendant la durée du projet. Il est recommandé d’inviter des membres de la communauté à relever le langage qui les représente le mieux. Par exemple, le terme « survivant » peut ne pas refléter adéquatement l’identité des participant(es) d’un projet; il convient donc de vérifier auprès d’eux(elles) en quels termes ils ou elles s’identifient. De même, il est important d’utiliser les pronoms qui désignent une personne selon l’identité qu’elle a déterminée, afin de démontrer son engagement à créer des espaces accueillants et inclusifs. Le mandat d’une organisation peut demander à être revu pour inclure les communautés avec lesquelles on travaille ou on souhaite travailler.

On a dû changer le nom de notre projet pour vraiment refléter l’identité des personnes qui ont répondu à l’appel et sont venues à la table des discussions. On a aussi revu le mandat de notre organisation pour qu’il reflète mieux les gens que nous servons et que nous représentons – Membre du projet TransFormed

Il arrive que les femmes avec lesquelles on travaille n’aiment pas être qualifiées de ‘survivantes’. Une femme m’a dit : ‘On est fortes, malgré ce qui nous est arrivé’ – Membre du projet E/MGF

SE GREFFER SUR LE TRAVAIL DÉJÀ ENTREPRIS DANS LA COMMUNAUTÉ

Les projets ont pris le temps de s’informer du travail qui se faisait déjà dans la communauté dans leur domaine. Cela leur a permis de développer des réseaux avec ces organismes, de bénéficier de leurs ressources, d’étendre leur rayonnement et d’asseoir leur crédibilité. Par exemple, les membres des projets ont recruté les participant(e)s et ont fait connaître les projets en prenant part aux rencontres d’autres groupes communautaires.

En conclusion, les membres des projets TransFormed et E/MGF sont ravis du travail qu’ils ont accompli, même s’ils reconnaissent qu’il reste encore à faire dans leur domaine de recherche. Il est en particulier important de mener des recherches plus inclusives pour représenter pleinement les membres dont les identités sont croisées.

L’ÉQUIPE DU CENTRE DE CONNAISSANCES Linda Baker, Sara Mohamed, Anna-Lee Straatman