Bulletin 8

Février 2018

PDF en français

 

KC-Bulletin-image-templateFR8.pngDes programmes de parentalité tenant compte des traumatismes et de la violence pour prévenir la maltraitance et améliorer la santé mentale

Les programmes de parentalité sont considérés comme des outils d’intervention efficaces pour aider les adultes à assumer leur rôle parental et à mieux relever les défis familiaux et personnels qu’ils rencontrent. Ils ont pour but de réduire le risque de maltraitance des enfants et de transformer les comportements inappropriés des parents qui les élèvent. Ces programmes abordent également des enjeux de santé mentale comme la dépression et le stress parental (Chen & Chan, 2016).1

L’initiative « Contribuer à la santé des victimes de violence conjugale et des enfants victimes de mauvais traitements au moyen de programmes communautaires » de l’Agence de la santé publique du Canada a financé plusieurs programmes de parentalité tenant compte des traumatismes et de la violence à l’intention des hommes, femmes et enfants ayant subi ou commis de la violence conjugale ou des mauvais traitements à l’encontre d’enfants. Les programmes sont destinés aux étapes pré et postnatales.

Selon le Dr Nicolas Berthelot, cochercheur du programme STEP, « les programmes de parentalité doivent non seulement tenir compte des théories sur le traumatisme, mais aussi des défis particuliers qu’on rencontre quand on devient parent et qu’on participe à des interventions psychologiques, alors même que l’environnement dans lequel on a grandi n’a pas accepté ou respecté nos propres besoins ou notre vulnérabilité. » La Dre Angélique Jenny, directrice du programme Mothers in Mind – dispensé dans le cadre du projet Safe and Understood – ajoute que « le rôle de parent s’accompagne d’une multitude de mythes et les connaissances sur le développement de l’enfant sont encore nettement insuffisantes, ce qui peut entraver le bon apprentissage du rôle deparent. »

Y a-t-il un moment idéal pour offrir un programme de parentalité?

Certains chercheurs estiment qu’il faudrait commencer avant même la naissance de l’enfant; d’autres, en revanche, trouvent que tout moment est bon.

Sooner than later!

Dr Nicolas BerthelotSelon le Dr Berthelot, la grossesse constitue un moment particulièrement propice pour intervenir auprès des parents exposés à un traumatisme. Voici les arguments qu’il avance pour justifier l’offre de ce type de programmes à des parents qui ont été maltraités et qui attendent un enfant:

Children's building blocks

Le Dr Berthelot a ajouté que « même si on intervient rapidement après la naissance, cela risque d’être un peu tard, puisque les effets intergénérationnels des mauvais traitements infligés aux enfants se manifestent très tôt après la naissance de l’enfant, ce qui signifie que les interventions postnatales peuvent être plus thérapeutiques que préventives. »

Dr Katreena ScottLa Dre Katreena Scott, directrice du programme Caring Dads, lui aussi dispensé dans le cadre de Safe and Understood, partage également cet avis. « Ce serait fantastique d’impliquer les hommes avant qu’ils aient nui à leurs partenaires et enfants. J’aimerais voir beaucoup plus de prévention auprès d’adolescents et de jeunes qui s’apprêtent à se marier et avoir des enfants. Trop souvent, les pères qui participent à nos programmes disent que c’est la première fois qu’ils parlent de la paternité avec d’autres hommes. J’adorerais trouver des moyens de les aider à avoir ce genre de discussions beaucoup plut tôt. »

La Dre Scott a expliqué que Caring Dads travaille avec les pères dont le comportement a nui à leurs enfants ou à la mère de ces derniers. « Nous avons choisi d’intervenir auprès de ces pères en raison des méfaits causés – jusqu’à présent et possiblement encore dans l’avenir. Et aussi parce que personne d’autre ne fait ce genre de travail! »

Être parent : un apprentissage à vie!

Dr. Angelique JenneyLes Dres Gwen Healey et Angelique Jenney estiment qu’il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour offrir un programme de parentalité, et que le meilleur moment pour en bénéficier repose totalement sur la situation qu’une personne vit.

Ainsi, selon la Dre Jenney, « un parent qui traverse une crise va probablement tirer moins de profit du programme que s’il était venu à un autre moment; par contre, il bénéficiera peut-être du soutien et de la structure du groupe dont il avait besoin pour la traverser. »

La Dre Jenney recommande que « les mères participent au programme une fois qu’elles se sentent en sécurité, pour mieux prêter attention sur son contenu. On ne devrait jamais obliger une mère à participer à un programme thérapeutique sur la parentalité, puisque la qualité des résultats est en général proportionnelle à celle de son implication. »

Dr. Gwen HealeyD’après la Dre Healey, chercheure principale du programme Inunnguiniq, « certaines personnes ont participé à ce programme à de nombreuses reprises, parce que leur situation avait évolué à chaque fois : elles perçoivent quelque chose de nouveau dans le contenu, leurs enfants grandis- sent et ont d’autres besoins, leur vie a changé. Cela les aide donc à considérer les choses sous un angle nouveau. Ce type d’apprentissage dure toute la vie. On ne maîtrise ce sujet pleinement qu’après avoir acquis une réelle matu- rité. Quand on réalise que l’apprentissage ne prend jamais fin, il devient plus facile de saisir que nos décisions font partie d’un tout, et que tout arrive au bon moment. »

ors, que recommandent nos experts pour implanter avec succès des programmes de parentalité tenant compte des traumatismes et de la violence?

  • Établir un sentiment de confiance et de sécurité émotionnelle.
  • Comprendre les expériences et les besoins culturels des participants.
  • Reconnaître les besoins des participants en fonction de leurs âge, statut socioéconomique, santé mentale et d’autres aspects intersectionnels.
  • Proposer des choix et trouver des moyens d’autonomiser les parents pour les aider à assurer la sécurité et le bien-être de leurs enfants.
  • Insister sur la croissance personnelle possible plutôt que le manque de compétences.
  • Les responsables de groupe devraient faire office d’animateurs pour stimuler l’apprentissage en commun chez les participants.

Commentaires des participants…

« C’est incroyable! Je n’avais jamais vu les choses comme ça, et ça change tout. Maintenant, avant de prendre une décision, je me demande comment mes enfants réagiront. Ça m’a ouvert les yeux, et main- tenant que c’est fait, impossible de revenir en ar- rière. ». Un participant de Caring Dads.

« Après avoir fait des essais pilotes pendant envi- ron un an, les familles ont commencé à nous dire comment leurs enfants réagissaient à la maison. On a été folles de joie quand on a vu que tous nos espoirs étaient fondés. Ça avait vraiment un im- pact sur les parents et les enfants. C’est très enrichissant d’être capable d’aider notre communauté de cette façon. » Dre Gwen Healey, Inunnguiniq.

Ces programmes sont dispensés dans tout le pays et sont en cours d’évaluation. Nous vous tiendrons au courant de l’évolution vers leur fin, prévue en 2020/21.

Programmes de promotion de la santé tenant compte des traumatismes :

Building Connections
Par l’entremise de ce programme, la Canadian Mothercraf t Societyles mères confrontées à la violence conjugale des effets de la violence sur leur rôle de parent et sur le développement de leurs enfants. Parallèlement, elle aide les femmes à développer l’estime de soi et à améliorer leurs compétences parentales et relationnelles. 

Inunnguiniq Parenting Program
Le Qaujigiartiit Health Research Centre, implanté au Nunavut, adapte et évalue le programme Inunnguiniq, à l’intention des parents et des aidants à haut risque étant en contact avec le système de justice pénale, ayant recours aux ser- vices sociaux ou recevant un traitement pour toxicomanie. 

Safe and Understood
Sous la tutelle du Child Development Institute, le projet étend la portée de deux programmes, – Caring Dads et Mothers in Mind. Ces programmes s’adressent aux parents confrontés à la violence familiale et leur apprend à gérer le stress, amélio- rer l’estime de soi et renforcer la santé sociale, émotionnelle et développemen- tale de leurs enfants. 

STEP: Soutenir la transition et l’engagement dans la parentalité chez les adultes ayant vécu de mauvais traitements au cours de leur enfance
Ce projet est dirigé par le Centre d'études interdisciplinaires sur le développement de l'enfant et la famille (CEIDEF), à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il élabore et évalue une intervention de groupe pour les futurs parents qui ont fait face à un traumatisme, de la violence ou des sévices au cours de leur enfance. 

Project Compilation

Quoi de neuf?

Le Centre de connaissances accueille le projet Collabo- rative Approaches for Supporting Survivors of Female Genital Mutilation/Cutting (FGM/C)! (Approches collaboratives pour aider les femmes ayant subi une mutilation génitale féminine – MGF)

Dirigé par le Women’s Health in Women’s Hands Community Health Centre, ce projet impliquera des femmes ayant subi une MGF, des chefs de file communautaires, des prestataires de services et les médias. Il cherchera à éduquer, sensibiliser et renforcer le soutien apporté à ces femmes et à celles qui risquent de subir une MGF.

Le projet sera entrepris dans la région du Grand Toronto, plus particulièrement dans les quartiers qui comptent la plus forte concentration de communautés racialisées fortement touchées par la MGF.

La diffusion de ressources et des consultations communau- taires se dérouleront à l’échelle provinciale et nationale, en s’appuyant sur les partenariats et réseaux existants du Centre.

Bienvenue au sein de la Communauté de pratique sur la pro- motion de la santé tenant compte des traumatismes et de la violence, Notisha Massaquo et Wangari Tharao!

Profil de membre

Tanya Forneris « Je dirige l’équipe d’évaluation de la Bounce Back League, un projet qui vise à améliorer la santé physique et mentale des membres des Clubs garçons et filles grâce à des programmes de sport tenant compte des traumatismes. Je suis également directrice adjointe de la School of Health and Exercise Sciences du campus Okanagan de UBC campus; auparavant, j’étais à l’Université d’Ottawa. Il y a une bonne dizaine d’années, quand j’étais à Ottawa, j’ai commencé à faire du bénévolat auprès des Clubs garçons et filles d’Ottawa, pour aider à concevoir, évaluer et perfectionner des programmes pour les jeunes. Je suis ravie de continuer ce travail avec les Clubs garçons et filles du Canada et avec celui de l’Okanagan. En dehors de mon travail, j’aime passer du temps avec ma famille, skier, faire du vélo de montagne et explorer la nature. »

Prochains événements du Centre de connaissances

Réunion du groupe de travail à London (Ontario)
Ce groupe de travail se penche sur l’élaboration de principes éthiques entourant la recherche tenant compte des trauma- tismes et de la violence. Sa prochaine rencontre aura lieu les 14 et 15 mars 2018 à London, en Ontario, dans le but de parfaire une série de directives éthiques.

Rencontre d’échanges de connaissances à Toronto (Ontario)
La prochaine rencontre d’échanges de la Communauté de pra- tique sur la promotion de la santé tenant compte des trauma- tismes et de la violence aura lieu les 23 et 24 mai 2018 à l’hôtel Marriott de l’aéroport Pearson de Toronto, en Ontario.

Ressources

Un examen systématique des interventions destinées aux femmes qui élèvent un enfant dans un contexte de violence conjugale
Austin, A., Shanahan, M., Barrios, Y., Macy, R. (2017). A Systematic Review of Interventions for Women Parenting in the Context of Intimate Partner Violence . Trauma, Violence, & Abuse. DOI: 10.1177/1524838017719233

Les relations comme moyen d’enrayer le cycle de la con- sommation de substances chez les mères : comparaison de diverses approches intégrées
Espinet, S. D., Motz, M., Jeong, J. J., Jenkins, J. M., & Pepler, D. (2016). ‘Breaking the Cycle’ of maternal substance use through relationships: a comparison of integrated approaches. Addiction Research & Theory, 24 (5), 375-388. doi:10.3109/16066359.2016.1140148

Évaluations de recherche auprès d’enfants exposés à la violence : comment les innovations technologiques relatives aux méthodologies et à la collecte de données peu- vent faciliter le processus
Wall, M. A., Jenney, A., & Walsh, M. (2018). Conducting evaluation re- search with children exposed to violence: How technological innovations in methodologies and data collection may enhance the process. Child Abuse & Neglect. doi:10.1016/j.chiabu.2018.01.007

Évaluation psychométrique du programme interRAI Child and Youth Mental Health à parir des échelles Disruptive/ Aggression Behaviour Scale (DABS) et Hyperactive/ Distraction Scale (HDS)
Lau, C., Stewart, S. L., Saklofske, D. H., Tremblay, P. F., & Hirdes, J. (2017). Psychometric Evaluation of the interRAI Child and Youth Mental Health Disruptive/Aggression Behaviour Scale (DABS) and Hyperactive/ Distraction Scale (HDS). Child Psychiatry & Human Development.

 

Missing & Murdered Indigenous Women / Femmes et filles autochtones disparues et assassinées
Date et heure : Mardi 20 mars 2018 | 13 h 00 à 14 h 15 HNE
Présentatrices : Cheryl Bagnall et Tamara Bernard, Association des femmes autochtones de l'Ontario
Le sujet de ce webinaire, présenté par l’Association des femmes autochtones de l'Ontario, portera sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, du point de vue des femmes autochtones, également en tant que membres d’une famille et d’une communauté. La présentation expliquera aussi comment l’association soutient les familles des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées, en insistant sur l’importance cruciale que jouent les cérémonies dans la guérison des familles qui ont perdu un proche.

 

L’équipe du Centre de connaissances

Linda Baker, Sara Mohamed, Anna-Lee Straatman, Jassamine Tabibi

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